Une Étrange Affaire

Courte

par Sinemurien
retool par QCTX


Ceci est une fanfic basé sur les personnages de "Une Étrange Affaire" qui est la propriété de Sinemurien.

Les pensées des personnages sont placées en italique.


L'inspecteur Togashi était fatigué ; très fatigué.
La journée avait déjà été très chargée et le nouveau dossier que l'on venait de lui remettre ne l'inspirait guère.
Aussi c'est d'un air las qu'il indiqua à l'agent de service qu'il pouvait faire entrer le "client".

*
*   *

Au fond de la salle, une porte s'ouvrit découvrant un homme d'une trentaine d'années.

"Monsieur, veuillez entrer. Asseyez-vous et détendez-vous, ce ne sera pas long."

L'homme s'approcha lentement de la table où il prit une chaise et s'assit faisant face à son interlocuteur.
L'inspecteur reprit alors la parole.

"Bien, vous connaissez la procédure je présume, veuillez décliner votre nom, prénom, âge, adresse réelle et/ou virtuelle ainsi que vos qualités."

L'homme regarda fixement son vis-à-vis, à la fois surpris et outré.

"Et pourquoi diable, devrai-je faire une chose pareille ? Pourquoi suis-je donc ici ? De quoi m'accuse-t-on ? Et dans ce cas où est mon avocat ?"

L'inspecteur poussa un soupir de dépit.
Il détestait cette partie de la discussion. C'est du ton le plus calme et le plus posé possible qu'il poursuivit.

"Je vous explique l'affaire. Vous êtes ici à la suite d'une plainte déposée par l'une de vos élèves. Elle vous accuserait de la pousser à se suicider. Je ne vous cache pas que l'affaire est grave et que le cas de mademoiselle Catherine ASUKE nous a grandement intéressés. Le plus impressionnant a été le moyen détourné par lequel vous la pousseriez à commettre ce geste néfaste. Figurez-vous qu'elle est persuadée que vous cachez vos intentions sadiques à travers des textes que vous distribuez sur le réseau Internet."
"Que pensez-vous de ces allégations ?"

"C'est ridicule ; je n'ai rien à voir avec cette histoire."

"À vous de me le prouver en veillant à coopérer de la façon la plus efficace possible. Revenons-en à notre question je vous prie."

"Bien, par quoi commence-t-on ?"

"Ravi de vous voir revenu à des sentiments plus raisonnables. Nous disions donc nom, âge, adresse réelle et/ou virtuelle ainsi que vos qualités."

"Sinemurien, un des doyens du fandom Evangelion français, résidant dans un coin perdu de la Lorraine et joignable à sinemurien@aol.com. Professeur de biologie et accessoirement auteur de fanfics à mes heures perdues."

"Donc, vous reconnaissez écrire des textes non soumis au contrôle de la SACEM ?"

"Ils sont beaucoup trop ciblés pour prétendre à une quelconque diffusion autre qu'un public de fans. Je n'ai donc pas à me soucier de ce problème-là. Mais si nous en venions tout de suite au fait, monsieur l'inspecteur."

"Tout de suite, professeur..."

(Le coupant) "S'il vous plaît, n'abusez pas de ce titre, je ne suis qu'enseignant du second degré."

"Pardon, Monsieur, je suppose donc que vous êtes pressé de retrouver vos élèves, non ?"

"Permettez-moi de ne pas répondre à cette question."

L'inspecteur sourit un moment avant de poursuivre.

"Commençons par votre nom, Sinemurien, un nom peu banal. Il y a une raison à ce pseudonyme ?"

À cette question, l'homme sourit un moment en repensant à cette vieille histoire, puis il prit la parole.

*
*   *

"Cela remonte à l'époque où j'ai voulu faire parti de l'association des Amis de l'Orignal de Laponie. Il fallait à l'époque adopter un pseudonyme pour se faire reconnaître des membres, et malheureusement les cinq premiers que j'avais choisis se sont avérés déjà utilisés. Excédé, j'ai donc ouvert le premier livre que j'avais sous la main et pris un nom au hasard, voilà son origine."

"Je note donc, personnalité sans aucune patience. Ça commence bien."

"Hé, c'est quoi cette arnaque ?"

"Poursuivons, je vous prie. Nous allons maintenant jouer au jeu du 'portrait chinois'."

"Je ne vois pas pourquoi je devrai continuer à vous répondre, sachant que tout ce que je dirai viendra se retourner contre moi."

"Écoutez, ce ne sont que de simples tests psychologiques ; mais peut-être avez-vous des choses à cacher ?"

"Pas plus que la plupart des personnes dites 'normales', je suppose."

"Bon, alors dans ce cas commençons... Si vous étiez un métier que seriez-vous ?"

"Hé bien je serai enseignant, ou professeur si vous préférez."

"Comme c'est original ! J'inscrit, aucune imagination, ça ne s'arrange pas."

"Mais bon sang est-ce un crime de faire un métier qui me plaît et pour lequel j'ai longuement étudié ?"

L'inspecteur recule un instant surpris par cet éclat soudain, puis reprend calmement.

"Non bien sûr, mais si vous vouliez en faire un autre ?"

"Et bien, je dirai garde forestier ou conservateur de musée. Le premier me permettant de préserver la nature et l'autre le patrimoine de l'humanité."

"Rien que cela ! ? Je note un certain penchant pour la folie des grandeurs."

"Heu dites, il y en a encore beaucoup des questions comme cela ? Parce que si vous poursuivez ainsi, je peux vous épargner beaucoup de peine en me passant moi-même la corde autour du coup vous savez ?"

"Inutile de tenter de faire de l'humour, vous ne serez jamais aussi bon que moi de toute façon."

À voix basse l'accusé ajoute :

"Et modeste avec ça."

*
*   *

"Bien, continuons. Si vous étiez un animal, que seriez-vous ?"

"Je ne sais pas ; un loup peut-être ?"

"Pourquoi cela ?"

"Peut être à cause du mythe du loup solitaire ce qui serait assez représentatif de ma personnalité. À moins simplement qu'il ne faille être un loup pour vivre dans cette société, même si l'on est soit même agneau. Ne dit-on pas que l'on n'est jamais aussi en sécurité que parmi les loups ? On peut donner une foule d'interprétations possible vous savez ?"

"Y compris celle du prédateur sanguinaire attendant de jaillir sur sa proie, vous connaissez le symbole représenté par le petit chaperon rouge n'est-ce pas ?"

L'homme se frappe le front d'un air consterné.

"Mais pourquoi me suis-je levé du lit ce matin ?"

"Je note donc agressivité refoulé, tempérament de prédateur vis-à-vis du sexe opposé."

"(Soupir)".

"Si vous étiez une activité humaine ?"

"Nous allons dire la sieste."

"Soyons sérieux, voulez-vous ?"

"Mais je suis très sérieux. Si vous faites la sieste consciencieusement, vous êtes très occupé et vous ne pouvez rien faire d'autre."

"Je ne peux pas accepter cette réponse, trouvez-en une autre."

"Bon alors on va dire l'observation, dans ce cas-là."

"Et on continue, je note, ne prend pas partie."
"Si vous étiez un personnage de fiction à qui ressembleriez-vous le plus ?"

"Psychologiquement, rarement un personnage n'aura été aussi proche de ma personnalité que celui de Clow Lead tel qu'il est décrit dans un des derniers épisodes de la série Card Captor Sakura, "Retour vers le passé" si je ne m'abuse. Sinon j'apprécie également beaucoup le personnage de Poppu dans le manga Fly."

"Vous n'avez pas honte de regarder des dessins animés à votre âge ?"

"Pourquoi le serai-je ? Ce n'est qu'un moyen comme un autre de tuer le temps, comme la lecture, les promenades en pleine nature ou les repas avec les amis, des activités que j'affectionne également."

"Oui, mais s'intéresser à cette sous-culture est plutôt un signe d'enfantillage, non ?"

"Et bien posez donc vous-même cette question à d'autres personnes plus renseignées que moi sur le sujet, comme Hideaki Anno, Walt Disney ou Lewis Carroll, je suis sûr qu'ils vous donneront d'intéressantes réponses."

"Hum ! Revenons à notre sujet. Je poursuis donc, parle et agis comme un manipulateur."

À côté de l'inspecteur, l'homme lève un regard vers les cieux d'un air résigné.

"Si vous étiez un film ?"

"Hum, laissez-moi réfléchir un instant.
Je dirai Little Big Man, j'adore cette histoire. Quoique d'un certain côté ce pourrait être également, Sacré Graal ou la première trilogie de Stars Wars."

"Pourquoi la première et pas la deuxième ?"

"La première a plus de charme et d'originalité je trouve."

L'inspecteur inscrit sur son calepin : "Réactionnaire et hostile au changement."

L'homme, lui, fait semblant de regarder ailleurs.

"Si vous étiez une citation ?"

"L'heure la plus sombre de la nuit est toujours celle qui précède une nouvelle aurore."

"Vous êtes un optimiste finalement ?"

"Je suis très optimisme quant à l'avenir du pessimisme (Jean Rostand). Vu que tout va de plus en plus mal et que nous nous enfonçons de plus en plus, nous arriverons bien à toucher le fond du puits un jour ou l'autre. Or comme nous ne pourrons plus continuer à descendre et bien, il faudra bien que nous commencions à remonter. Mais je crains que cela ne se fasse qu'aux prix de beaucoup de souffrances."

"Je sens un peu de lassitude et de découragement."

"Oui certainement, je suis las. Las de voir les hommes s'entre-déchirer pour des futilités, las de les voir détruire leur planète alors qu'ils ont les moyens techniques d'en faire un paradis, las de les voir avec si peu de sagesse, mais cela viendra, ils n'ont pas le choix de toute façon."

"Ce n'est pas un peu prétentieux de juger ainsi vos contemporains, après tout vous faites, vous aussi, partie de cette humanité, vous ne valez donc pas mieux qu'eux. Pire encore, constatant tout cela vous regardez et ne faites rien."
"Je note prétentieux, se croit au-dessus de la mêlée, et souffre d'immobilisme chronique."

Puis ayant noté cela, il poursuivit.

"Mais alors pourquoi écrivez-vous des... 'fanfics', puisque vous les appelez ainsi je crois, au lieu d'essayer de faire quelque chose de constructif ? Faites-vous cela par dépit ?"

"Non, avant tout, je le fais pour mon plaisir et celui de ceux qui me lisent, j'écris une histoire que j'espère intéressante et agréable pour le lecteur. Mais j'y glisse aussi quelques messages et réflexions personnelles, c'est également vrai."

"Et ces fics quelles sont-elles ?"

"Et bien il y eut au départ Témoignage, une réflexion sur la douleur et l'impossibilité d'être seul. Cette histoire a été librement inspirée de l'histoire des rats de Gotlib dans je ne sais plus quel Rubric-à-brac."

"Puis il y a, toujours en cours actuellement, Une étrange affaire, une autre vision sur les origines du personnage de Rei d'Evangelion et de ses relations avec Gendo Ikari."

"Depuis peu, il y a aussi Possibilité, encore une petite réflexion sur le poids du regret et la notion de destinée."

"D'autres projets ?"

"Des tas ! Mais comme je vous l'ai dit, j'écris pour mon plaisir, donc quand cela ne me dit pas les projets restent en plan. Vous pouvez rajouter fainéant à votre liste."

L'inspecteur esquissa un sourire à peine dissimulé.
"Je crois que cela suffira, merci. Nous avons maintenant une assez bonne idée de votre personnalité."

"Professeur, je vais vous demander de bien vouloir attendre dans la pièce attenante le temps que je m'occupe de la personne suivante."
"Faites entrer l'autre témoin !"

Un jeune garçon d'une vingtaine d'années se présente accompagné du planton de service. Bizarrement, il fixe les deux individus d'un œil intrigué.

"Professeur, vous le reconnaissez ?"

À ces mots, le jeune homme redresse la tête et lance un regard intéressé vers Sinemurien, un léger sourire disparaissant rapidement de son visage.

"Pas du tout inspecteur, je vous jure que je n'ai jamais vu sa tête."

"Bon, ce n'est pas grave. Messieurs, veuillez échanger vos places, s'il vous plaît."

Discrètement, sans que personne s'en aperçoive, le nouveau venu vient de glisser un bout de papier dans la poche du professeur tout en lui glissant à l'oreille le mot : "VF".
Et sans rien dire de plus, il va s'asseoir à la place qu'occupait précédemment Sinemurien. Ce dernier reste légèrement abasourdi, puis le bruit des chaises crissant sur le plancher le ramène brutalement à la réalité. Il sort alors de la pièce d'un pas décidé et va attendre tranquillement dans le couloir la fin de l'entretien.


"Quelque chose à déclarer ?"

"Rien de spécial."

"Bon, alors allons-y : Nom, adresse réelle et virtuelle ainsi que vos qualités."

"QCTX, habitant de la région parisienne et joignable sur QCTX@voila.fr, ex-étudiant et nouveau chômeur, retooleur de fanfics à mes heures perdues. Ha, j'oubliais, je suis membre du F.R.A.G., aussi."

"Bien, vous pourriez m'en dire un peu plus sur votre pseudo pour commencer ?"

"Bon, ben j'espère que vous n'êtes pas pressé, parce que ça risque de prendre du temps."

"Vous savez, nous, à la police, on a tout notre temps."

"Bon, alors voilà.
Après avoir fait deux ans de grec au collège, je voulais me choisir un pseudo qui fasse ressortir cette culture. Oui, je suis un peu prétentieux, je l'admets volontiers. En lisant un Jules Verne, je suis tombé sur un jeu de mots qui m'avait bien fait rire à l'époque. Un certain savant fou y était désigné comme θx qui se lit "thêta-X". L'auteur voulant signifier par là que son personnage manipulait beaucoup d'inconnues dans sa tête. Moi qui avais aussi la 'grosse tête' je lisais ce nom comme deux lettres grecques et non plus comme une grecque suivie d'une française. Vous me suivez toujours ?"

"Continuez."

"Le nom se transformait pour moi en θχ que je lisais "thêta-khi" et qui m'apparaissait comme une superbe métaphore pour un avatar. Un autre avantage de ce mot était que je pouvais le réutiliser pour signer les programmes que je distribuais en classe sur ma calculette, une TI-80. Cette machine acceptait le caractère θ et possédait un pavé alphanumérique. J'étais comblé."

"Excusez-moi, mais je ne vous suis plus là. Nous étions partis sur quatre lettres et vous n'en mentionnez que deux depuis le début."

"J'y viens, justement. Lorsque j'ai voulu adapter mon pseudo au format de mon ordinateur, il m'a fallu faire un choix. Impossible de caser un caractère grec à l'écran. Comme je travaillais sous Word depuis un moment, j'ai cependant vite trouvé la solution. Il me suffisait de changer de police de caractère pour faire apparaître à l'écran mon avatar. Les lettres du clavier correspondant à cette combinaison sous la police "Symbol" sont Q et C. J'avais donc obtenu la moitié de mon identité actuelle. Les choses se sont corsé quand j'ai voulu ouvrir ma boîte mail sur le site de voila.fr. L'ouverture d'un compte nécessitait l'utilisation d'un pseudonyme de 4 lettres. J'ai donc cherché à induire un lecteur en erreur en ajoutant la prononciation la plus fausse possible de mes deux lettres, T et X. Et voilà, j'avais forgé mon nouveau pseudo en changeant de machine."

*
*   *

"Maintenant que vous venez de m'en dire un peu plus sur vous, expliquez-moi donc ce que vous entendez par le terme de 'retooleur' ?"

"Pour être franc, c'est un peu vaste. Au départ, je m'occupais de traduire les textes d'un certain A. Terizaki, un auteur français."

"Excusez-moi, mais j'ai du mal àcomprendre comment on peu 'traduire un auteur français'. Vous pourriez m'expliquer un peu mieux ?"

"En fait, celui-ci avait la particularité d'écrire ses œuvres dans la langue de Shakespeare, pour des raisons de lectorat. En effet, celui-ci était beaucoup plus étendu s'il n'écrivait pas dans sa langue maternelle. Je me suis donc dédié à traduire ses textes, mais aussi à les remanier légèrement."

"Avec son accord ?"

"Bien entendu. Je dois aussi ajouter que la part de correction est devenue de plus en plus grande au fur et à mesure des années et des auteurs qui ont fait appel à moi."

"Ils sont donc si nombreux ?"

"Disons que je n'ai pas la prétention de tous les connaître, mais il y en a pas mal qui ont fait appel à mes services. Et c'est sur ce point que j'aimerais revenir à la définition de 'retooleur'. Je me suis rendu compte qu'il y avait une majorité d'auteurs qui avaient besoin non seulement de correction orthographique, mais aussi d'une correction du sens de leurs phrases par rapport à l'univers dans lequel ils développaient leur histoire."

"Des fautes de sens ? Vous pouvez préciser ?"

"Et bien, pour citer un exemple que j'aime beaucoup, je vous dirais qu'en aucun cas, un personnage vivant au Japon ne pourra mettre la main chez lui sur une poignée de porte. Et ce, pour la simple et bonne raison que cela n'existe pas dans ces contrées. Là-bas, toutes les portes sont coulissantes. Vous comprenez ?"

"Effectivement. Dites-moi, pour en revenir à l'affaire qui nous amène, vous n'avez jamais remarqué une quelconque incitation à des actes dramatiques tels que des suicides, des combats ou bien plus simplement des manipulations de personne ?"

"Mmm... Pas particulièrement. Disons plutôt que cela fait partie du quotidien."

"Pardon ?"

L'inspecteur avait sursauté.

"Vous m'avez parfaitement compris, inspecteur. Les personnages traités dans ce genre de texte ont généralement énormément tendance à des actes extrêmes ou manipulateurs. Il est donc parfaitement courant de voir ce genre de chose."
"Maintenant, si vous cherchez à me faire dire que tous ceux qui lisent ces textes sont des tueurs et des manipulateurs en puissance, je vous ferais tout de même remarquer que les personnages et les situations sont tellement exceptionnels de par leur destin et leurs motivations, que je les vois mal avoir une quelconque influence sur notre monde. Tout ceci ne reste qu'une vaste fiction."

"Ouf, vous me rassurez. Donc d'après vous, il n'y a aucun moyen pour qu'un auteur fasse passer un message personnel d'appel à la violence dans l'une de ses fics ?"

"Absolument inspecteur. Il serait de toute façon incompris de plus de 99 % du lectorat, les 1 % restant ne pouvant être que des schizophrènes et des paranoïaques tout juste bons à être enfermés. Qui voudrait interdire la violence dans les fanfics devrait d'abord s'attaquer à celle qui parsème la télévision."

"Vous parlez en connaissance de cause ?"

"Si l'on veut. Je n'ai pas la télé."

"Justement, comment vous connectez-vous au Web ? Je suppose que comme bon nombre de jeunes de votre génération, vous avez une connexion performante et permanente ?"

"Pas du tout. En fait, c'est bien l'un de mes plus gros problèmes. Je squatte avec plus ou moins de chance les connexions à ma disposition : fac, centre de formation, cybercafé..."

"Vous n'avez pas d'abonnement à la maison ?"

"En fait si, mais comme ce n'est pas moi qui paye l'abonnement ni le loyer, j'évite d'y toucher, si vous voyez ce que je veux dire."

"Hum, bon, passons. Vous avez mentionné tout à l'heure votre appartenance au F.R.A.G. Vous pourriez m'expliquer de quoi il retourne exactement ?"

"Bien sûr, il s'agit d'un regroupement de traducteurs qui se dédie à un certain nombre d'objectifs."

"Diffuser et améliorer des traductions, je suppose ?"

"Pas seulement en fait. Non seulement, nous corrigeons nos propres traductions entre nous par manque de retooleurs et de pré-lecteurs, mais nous nous dédions aussi au MySTage. Il s'agit en fait d'une pratique visant à critiquer de façon humoristique l'œuvre d'un auteur afin qu'à travers nos vannes, il puisse comprendre ses erreurs et éventuellement éviter leur répétition."

"Dites-moi, il y a un auteur que je connais bien, et qui s'appelle Sinemurien. Ce nom vous dit quelque chose ?"

"Heu... Oui, bien sûr. C'est l'un des rares auteurs avec lesquels je collabore depuis moins de deux ans d'affilé."

"Il fait partie du F.R.A.G. ?"

"Pas officiellement, mais il a un accès permanent à notre forum où il peut suivre toutes nos discussions personnelles ainsi que l'évolution de nos travaux. Je le surnomme le 'fantôme' du F.R.A.G. tellement ses apparitions dans nos discussions sont sporadiques. Il n'a jamais eu 'besoin' d'un MySTage, ce qui est une preuve de qualité."

"Personnellement, comment le qualifieriez-vous ?"

"Hum... Disons sympathique, possédant une bonne dose d'humour ainsi qu'une bonne culture générale malgré des fautes hénôrmes sur certaines phrases et une certaine tendance à laisser traîner des points de suspension étonnamment longs. Plutôt 5 ou 6 que 3."

"Donc un indécis. Mais... Vous ne pouvez vraiment pas m'en dire plus sur son caractère ?"

"Désolé inspecteur, mais il se trouve que nous n'avons jamais pu nous rencontrer dans la vie 'réelle', donc je me vois mal vous en dire plus à travers ce que j'ai pu lire."

"Bon, tant pis. Et comment vous qualifieriez-vous vous-même de façon objective ?"

"Allons inspecteur, ne me faites pas rire, vous savez bien que ce que vous me demandez là est parfaitement infaisable. Bon, juste histoire de vous faire plaisir, je vais me prêter à votre petit jeu. Alors voilà, je suis prétentieux, gaffeur, vantard, franc, fidèle et courageux. Bref, le parfait animal de compagnie. Ce qui ne veut pas dire que l'on peut faire de moi ce que l'on veut. Celui qui me menace sans raison m'entendra rapidement hurler tandis que celui qui me met le nez dans ma merde me trouve obéissant au possible. Je suis aussi peut-être un peu excessif dans mes propos, que je justifie toujours cependant. Certains vous diront que j'exagère toujours un peu, mais c'est plus par fierté régionale que par défaut."

*
*   *

"Tant que je suis dans la description, j'aimerais vous faire passer un petit test psychologique. Ça ne vous pose aucun problème, monsieur QCTX ?"

"Allez-y."

L'inspecteur reprend son bloc-notes et se redresse dans sa chaise.

"Première question : Si vous étiez un métier, que seriez-vous ?"

"Alors là, sans aucune hésitation, je dirais souffleur dans un théâtre. C'est ingrat et mal payé, mais qu'est-ce qu'on s'amuse. En plus, on a droit à une place gratuite pour toutes les représentations et on est aux premières loges. La grande classe, quoi."

"Très bien. Deuxième question : Si vous étiez un animal, se serais quoi ? Attention, je précise qu'il doit s'agir d'un animal réel."

"Je dirais un renard. En dehors de son apparence de vieux filou dans les contes pour enfants, c'est un excellent père de famille qui recherche la tranquillité, qui peut vivre en groupe comme en solitaire, qui ne va pas chercher d'ennuis avec ses voisins et qui ne montre les crocs que s'il est menacé."

"Et si vous étiez une activité humaine ?"

"Pfou... Là franchement, heu... La lecture peut-être ? Mais c'est vraiment tout ce que je vois."

"Vous êtes donc plutôt un passif et un solitaire."

"Si on veut..."

"Si vous étiez maintenant un personnage de fiction ?"

"Aucun doute là non plus, ce sera sans hésiter Bastien Balthazar Bux dans L'Histoire sans Fin de Michaël Ende. J'ai adoré ce bouquin bien plus que n'importe quel autre. Même le Seigneur des Anneaux n'arrive pas à son niveau, à mon avis. Certainement parce qu'il y a moins de description et de généalogie dedans."

"Si vous étiez maintenant un film ?"

"Ha, là ça va être dur, parce que des films, je n'en ai pas vu des masses. En fait, j'ai un titre, mais je ne me souviens pas de l'auteur. Ça s'appelle Tabou, c'est un film japonais qui n'est passé en France qu'en version sous-titrée et certainement pas dans les grandes salles. Plutôt dans les cinémas d'auteurs. Ça raconte la fin d'un règne, celui des samouraïs de l'armée impériale qui, suite à des pressions politiques et militaires diverses, va se désagréger. Pour des connaisseurs d'animés, je dirais que ça s'apparente à ce qui se passe avant "Batosaï." Une autre possibilité serait un film de Jean-Pierre Jeunet (celui de Delicatessen d'Alien 4 et du Petit Poucet) intitulé La Cité des Enfants Perdus et dans lequel on rencontre tout un tas de personnages plus drôle et repoussant les uns que les autres. En fait, j'aime beaucoup l'humour noir et c'est l'un des films qui en exprime le mieux la définition."

"Dernière question de ce type : Si vous étiez une citation, se serais laquelle ?"

"Probablement une longue citation de l'oncle Albert, un homme plein d'humilité qui avait écrit cette phrase sur la porte de son atelier : La théorie, c'est quand ça ne fonctionne pas et que l'on sait pourquoi. La pratique, c'est quand ça fonctionne, mais qu'on ne sait pas pourquoi. Ici, nous avons réuni la théorie et la pratique : rien ne fonctionne et personne ne sait pourquoi. Personnellement, je la trouve très réussie, pas vous ?"

*
*   *

"Bon, le test est terminé, mais j'aimerais quand même savoir quelques détails sur vos projets. Quels sont ceux sur lesquels vous travaillez, avec qui, depuis combien de temps, etc... Je veux tout savoir."

"Bon, ben... Ça risque d'être long, alors je vais abréger un peu. Il y a d'abord eu des fanfics d'un peu n'importe où. À l'époque, je débutais dans la correction, mais je savais ce que je voulais. J'ai donc commencé avec Coupé au Montage, un one-shot humoristique de Florian (enfin, je crois, m'en souviens plus très bien).
On trouve ensuite Le Dernier Jour. Un one-shot humoristique de Raogi sur LA question que se sont forcément posés au moins une fois les millions de fans d'Evangelion : "KikatuéKajiiiiii ?"
Toujours dans le registre humoristique, bien que ce soit beaucoup plus récent, j'ai corrigé LA QUERELLE de SCURRA, qui reste à mon avis l'un des meilleurs auteurs humoristiques de fanfics.
Ensuite, SCURRA m'a recontacté pour que je lui corrige une autre fanfic intitulée Une Belle Fin.
Il y a aussi une fanfic de Sinemurien appelée Possibilités.
Après, j'ai beaucoup travaillé avec un certain Axel Terizaki, un personnage bien connu dans le monde de la fanfiction comme étant un pionnier spécialisé dans le WAFFy. J'ai donc commencé par traduire An Amnesic Angel.
Peu après, j'ai aussi traduit Just A Child du même auteur et du même genre. Enfin, mon dernier projet terminé est encore une fic d'Axel. Ca s'appelle Shinji, will you dance with me ? et il s'agit en fait du deuxième chapitre de l'une de ses fics.

J'ai aussi des projets pour une époque... future.
Tout d'abord, suite à l'annonce du décès de Brian "Henri Cantonais" Quitoriano par son frère et sa copine, Findae m'a proposé de reprendre ses fics et d'en faire un ainsi un recueil commémoratif.
Ensuite, il y a Kabbale. Ce n'est pas un nom définitif, mais c'est en tout cas une idée audacieuse de projet d'une très longue fic par SCURRA qui aurait comme personnage principal Kensuke.

Maintenant, j'ai pas mal de travaux en cours.
J'ai donné dans le lemon – à savoir, des fanfics contenant des scènes de cul – mais j'ai rapidement arrêté. Trop de projets sur les bras à ce moment-là. Mais j'ai quand même commencé à traduire Body Heat d'A. Terizaki avec un scénario digne des pires séries B.
Avant ça, je devrais avoir terminé la traduction d'un fichier qui me tient à cœur. C'est grâce à SCURRA que je suis tombé dessus dernièrement. J'ai changé le titre original du document en HOW TO make a fanfic pour que ça soit plus explicite. Écrit par deux jeunes filles de 14 ans Kawaï Chare et Crimson Godess ce texte est en fait une aide a l'écriture des fanfics.
J'ai aussi d'autres collaborations en cours, notamment le Projet KOJAK, nom de code pour la traduction de la fic de Rakna The One I Love Is... Je suis aidé sur ce projet par une floppée d'auteur volontaires, et j'ai en cour de préparation un site sur Internet qui sera le double francisé de celui de Rakna (l'auteur original de cette fic).
Depuis pas mal de temps cependant, je suis impliqué dans le retool de Une Étrange Affaire, fic fantastico-policière de Sinemurien en 8 épisodes plus un making-off.
Une autre fanfic de Sinemurien qui est en cours de correction est Oracles, probablement la seule fanfic que je corrige et qui ne soit pas sur Evangelion. Basée sur un univers que je n'apprécie pas vraiment – celui de Card Captor Sakura – j'ai eu assez de mal à la corriger, je préfère en parler le moins possible."

"Vous m'avez parlé du F.R.A.G., auparavant, vous pourriez me dire quels sont les projets que vous avez menés avec eux ?"

"Alors en fait, c'est très facile, le F.R.A.G. est impliqué dans quasiment tous mes travaux de traduction. Bien sûr, j'ai participé aussi à certains de leurs travaux à eux, mais je préfère éviter d'en parler tant que le site officiel n'est pas ouvert."

"Et bien, on peut dire que c'est vraiment une passion chez vous. Dites-moi, vous ne vous êtes jamais essayé à l'écriture de fanfics ? Je veux dire, avec tout ce que vous avez lu et tous les textes auxquels vous avez contribué, vous avez une expérience derrière vous qui pourrai vous aider, non ?"

"C'est une question intéressante. Non, je n'ai pas écrits de fanfic pour l'instant. Disons que je me suis essayé à tout ce qui peut s'en approcher, mais que je n'ai jamais franchi le pas. Non pas par peur des critiques – manquerait plus que ça – mais plutôt par manque d'idée. Et puis, je suis aussi un peu perfectionniste, j'aime le travail bien fait et je n'ai pas encore trouvé l'idée du siècle qui fera que ce que je vais écrire mérite de passer sur le Net. Ce qui ne veut pas dire que j'aime écrire pour autant.
J'ai toujours eu de mauvaises notes en dictées et la grammaire m'a toujours paru le cours le plus ennuyeux. Par contre, depuis mon enfance, j'ai un goût immodéré pour la lecture. Je lis et je dévore tout ce qui me passe sous la main du moment que c'est romancé : polar, SF, fantasy, reportages, biographies, contes...
Mais aussi pas mal de BD, de mangas et, bien évidemment, de fanfics. Ne sachant pas dessiner de manière intéressante, je ne me suis pas encore essayé à l'illustration de fanfics, mais j'essaye en ce moment de trouver un illustrateur pour Sinemurien. J'aurais pu être webmaster si ma connexion avait été plus puissante, mais j'avais bien trop peu de choses à dire aussi.
En fait la véritable raison, c'est que j'ai horreur d'écrire, même si ça ne se voit pas vraiment. Simplement parce que c'est pour moi une épreuve longue et fatigante alors que la parole simplifie tout. Ce qui fait que, quand je me décide enfin à prendre la plume – ou le clavier – je n'arrive plus à m'arrêter. Surtout que, mon côté perfectionniste aidant, j'ai tendance à reformer ma phrase plusieurs fois avant de l'avoir terminée. C'est ce qui explique mes phrases à rallonge, pleines de virgules et de parenthèses."

Un court silence s'installe, puis...

"Excusez-moi inspecteur, mais il y a tout de même quelque chose qui m'intrigue. Suite à votre convocation impérative, j'ai pris rendez-vous ici pour vous rencontrer, mais je ne sais toujours pas pourquoi est-ce que l'on m'a fait venir. Ce ne serait tout de même pas pour m'entendre parler sur mes passe-temps favoris que j'ai dû effectuer ce voyage ?"

"Voyez-vous, monsieur, il se trouve que votre ami Sinemurien a été accusé récemment d'avoir poussé quelqu'un au suicide à travers l'une de ses fanfics. C'est donc suite à la plainte de ses parents que j'ai commencé à chercher qui était cette personne..."

"Et mon nom figurant sur la fanfic en question, vous avez demandé à me voir, je vois. Mais quel texte en particulier a bien pu gêner... Attendez, heu... Oui, si c'est un suicide, c'est "Possibilités", c'est ça ?"

"C'est ça, parfaitement, vous avez des précisions à ajouter ?"

"Bof, pas particulièrement, je ne vois vraiment pas en quoi..."

"Pourtant, les plaignants se sont sentis touchés, eux."

"Tant que ça ?"

Deux coups frappés à la porte viennent interrompre la discussion.

"Oui ?"

"Chef, on a trouvé une personne à l'extérieur qui demandait à parler sur le texte incriminé. Je vous le ramène ?

"Faites, nous en avions de toute façon terminé, n'est-ce pas ?"

"Si vous le dites..."

Le troufion de service (le même que tout à l'heure) ramène un troisième personnage dans le bureau.
Reprenant la même technique que pour l'interpellé précédant, l'inspecteur demande :

"Vous vous reconnaissez messieurs ?"

"Absolument pas, inspecteur, désolé de vous décevoir."


Revenu dans le couloir, QCTX rejoint Sinemurien qui l'accueille d'un :

"Ha ça, mais alors vous êtes..."

"Ouais, peut-être, mais parles moins fort, tu vas nous faire repérer."
"Bon, tu l'as lu en entier ?"


Dans le bureau, la discussion continue :

"Alors dites-moi un peu, monsieur Métatron, puisquevous vous êtes déplacé jusqu'à nous, je suppose que vous avez quelque chose de bien spécifique à nous dire, non ?"

"Bien sûr, écoutez !"

Et devant les yeux de plus en plus ébahis de l'inspecteur, le jeune homme se met à déclamer :

"Il était là...
Dans une semi-pénombre...
Alors que son écran projetait son ombre,
Il ne bougeait absolument pas."

"Mais, enfin, monsieur..."

"Affalé dans son fauteuil,
Il venait de lire une fanfic.
Avec une fin tragique.
Une larme perlait au coin d'un œil."

"Mais de qui donc parlez-vous ainsi..."

Metatron venait de se lever.

"Dans un style toujours aussi beau...
Son personnage préféré,
Mourait lentement brûlée.
La douleur était engendrée par les mots."

"Un mort ? Mais qui ? Où ? Quand ? Et pourquoi, d'abord ?"

L'inspecteur se leva lui aussi pour suivre le jeune homme qui se déplaçait lentement à travers la pièce.

"Chi
Ce nom désignant le sang,
Définissant un recueil d'écrits,
Qui par sa force, blessante."

Au plus profond des cœurs
Au plus profond des âmes
Engendre les pleurs,
Montrant la tristesse aux hommes."

L'inspecteur, essayant de prendre des notes :

"Rhaaa... Je n'y comprends plus rien. Vous pourriez tout reprendre depuis le début, s'il vous plaît ? Et moins vite, j'ai du mal à écrire."

"Voilà ce que m'a fait le Chi de Sinemurien. Il est vraiment SU-PER-BE !"
Aussi bon que le premier."

"Ha bon, vous êtes simplement un lecteur ?"
Mais qu'est-ce que vous êtes venu faire ici, alors ? Vous êtes un critique déçu ou jaloux ?"

(S'épongeant le front) Mais qui est-ce qui m'a ramené ce fou furieux...

À ce moment, le planton vient encore interrompre la discussion et va directement chuchoter quelque chose à l'oreille de son chef

"Allez me les chercher tout de suite ! Et jetez-moi ce fou dehors !" Crie Togashi en se rasseyant sur sa chaise.

"Cette fois-ci, nous les tenons."


Deux secondes plus tard, l'officier de police rouvre la porte de communication avec le couloir et fait entrer sans ménagement les deux amis.

"Mais enfin, monsieur, il s'agit d'une lamentable méprise..."

"Mais non, qu'est-ce que tu racontes..."

"Quoi ? Mais, je croyais que je pouvais te faire confiance, que..."

"Et bien vas-y, n'ai pas peur, fais-moi encore confiance..."

"Inspecteur, je viens de découvrir ces deux individus s'échanger un texte qu'ils venaient de vous cacher.

"Voyez-vous ça... Professeur, vous avez une explication ?"

"Heu... C'est que... Non, en fait, il s'agit de..."

"Allez, laisse-moi faire. En fait, inspecteur, ce texte est la meilleure preuve de l'innocence de Sinemurien dans cette affaire que vous ne pourrez jamais avoir. Allez-y, lisez-le et dites-moi ce que vous en pensez. Vous avez déjà lu ses autres textes, vous savez à quoi vous en tenir, non ?"

QCTX lui tend la feuille qu'il dissimulait auparavant. Togashi la prend d'un geste fébrile et la parcours avec avidité. Tous se taisent pendant la lecture silencieuse de l'inspecteur. Il s'agit de la version définitive de la fanfic Oracles.

*
*   *

"En fait, je tenais personnellement à vous prouver que Sinemurien ne peut pas pousser au suicide qui que ce soit. Imaginez que l'on lise ses autres textes, dépressifs au possible et que vous tombiez ensuite sur celui-ci. Que penseriez-vous de son auteur ?"

"Et bien qu'il passe par de grandes périodes de joie suivie de profondes dépressions. Bref, pas vraiment quelqu'un de très équilibré."

"Suffisamment conscient de ce qu'il fait lorsqu'il crée ses œuvres ? Sûrement pas. Il ne cherche pas à nuire lorsqu'il écrit et en voilà la preuve la plus tangible, Monsieur l'inspecteur. La preuve que Sinemurien n'a rien à voir avec cette stupide histoire d'étudiante effrayée de ce qu'elle a pu lire dans le bureau de son prof."

"Mais dites-moi, comment savez-vous que Sinemurien est professeur, monsieur QCTX ? Je croyais que vous n'aviez encore jamais discuté de ça lors de vos échanges ?"

"C'est exact, mais il se trouve que je suis longtemps resté fils unique et que ma mère est prof, elle aussi. Aussi, je suis parfaitement capable d'identifier un professeur lorsque j'en croise un que ce soit de visu ou par écrit. Pour moi, il était évident que Sinemurien, surtout avec un nom comme le sien, était un Sensei, comme on dit au Japon.

"Donc vous vous êtes amené ici avec ce texte, sans même savoir à qui vous deviez réellement le remettre ?"

"Disons que je comptais un peu trop sur la chance pour ce coup-là, mais que cela m'a bien servi. En fait, c'est quand vous nous avez présentés l'un à l'autre tout à l'heure que j'ai réagi. Je ne savais pas encore comment j'allais reconnaître mon ami, mais vous l'avez appelé 'professeur.' Cela m'a suffi."

"D'accord, d'accord, mais cela ne m'explique pas vraiment pourquoi vous teniez à me cacher cette feuille il y a un quart d'heure et pourquoi vous me l'offrez maintenant."

"Enfin, Monsieur, un retooleur ne se permettrait jamais de diffuser une œuvre qui n'a pas été avalisée par son auteur ! C'est contre toutes les règles morales de la profession."

"Bon, messieurs, je dois avouer que votre histoire, pour rocambolesque qu'elle est m'a tout de même légèrement convaincue. Les parents de la plaignante sont des personnes assez influentes et ce sont elles qui ont insisté pour pousser l'enquête un peu plus loin. Mais je vous rassure, elles sont aussi connues chez nous pour êtres prompts à la paranoïa."

"Ce qui signifie ?..."

"Et bien que l'enquête va probablement en rester là. Monsieur Sinemurien, veuillez m'excuser d'avoir joué un si mauvais rôle tout à l'heure, mais il fallait absolument que je m'assure de votre "innocence." Monsieur QCTX, je vous remercie aussi pour m'avoir rassuré sur les intentions et les capacités des auteurs de... euh... comment dites-vous déjà ?

"De fanfics ?"

"Oui, c'est cela même. Et bien bonsoir messieurs et bonne continuation dans votre monde... virtuel."

Les deux autres personnages répondirent d'un même accord.

"Bonsoir, monsieur l'inspecteur."



Et encore merci à Metatron, pour sa participation "involontaire" à ce petit délire.
Pour toutes flammes, insultes, injures et autres critiques constructives, n'hésitez pas à nous écrire.

Dernière édition le 16 juin 2003.
Mise en ligne le 19 juillet 2003.

Vos serviteurs :Sinemurien et QCTX.