Une Étrange Affaire

#5 : Créature de neige
et de glace

par Sinemurien
retool par QCTX


Ceci est une fanfic basé sur les personnages d'Evangelion qui sont la propriété du studio GAINAX.

Les pensées des personnages sont placées en italique.


Au diable cette affaire, je suis inspecteur de police pas espion. Comment ai-je pu me laisser embarquer dans cette histoire ?

Dans le train qui le conduisait lentement au coeur du Géofront, l'inspecteur Togashi avait l'atroce impression que tous les regards des personnes avec qui il partageait le compartiment, convergeaient vers lui.
L'atmosphère était lourde et humide, ce qui ne faisait que renforcer cette sensation d'oppression et d'étouffement qui grandissait doucement en lui.

Afin d'échapper à cette impression, l'inspecteur Togashi se remit à penser à la discussion de la nuit précédente.

Inspecteur : "Bien, la balle est dans votre camp, qu'avez-vous à me proposer ?"

Kaji : "Je peux vous donner les moyens de pénétrer dans le Géofront ainsi que dans le lieu où vous trouverez les informations qui vous manquent."

Inspecteur : (sarcastique) "Tout simplement, par pur acte de gentillesse !"

Kaji : "Evidement non, si vous réussissez, je veux pouvoir avoir droit aux informations que vous aurez découvertes."

Inspecteur : "Mais qu'est-ce qui vous dit que je vous ferai part de mes découvertes ? Après tout, une fois sorti d'affaire je n'aurai plus besoin de vos services."

Kaji : "C'est un risque à courir, je le reconnais, cependant si ces informations sont ce que je crois, elles nécessiteront la destitution et l'arrestation de personnes très haut placées dans l'organisation de la NERV. Des personnes que vous ne pouvez pas atteindre par des moyens légaux sans vous exposer vous-même à de graves 'ennuis'. Alors que moi je puis contacter directement de très hautes instances sans beaucoup de risques personnels."

Inspecteur : (ironique) "Vous voulez parler de L'ONU n'est-ce pas !"

Kaji : (amusé) "Bien sur ; Vous pensiez à autre chose ?"

Inspecteur : (souriant) "Non, non. Puis-je vous poser une autre question ?"

Kaji : "Dois-je en conclure que vous acceptez ?"

Inspecteur : "Je n'ai pas dit cela, mais je voudrais discuter d'autre chose."

Kaji : "Dites."

Inspecteur : "Pourquoi n'allez-vous pas vous-même chercher ces informations ? Après tout vous êtes la personne la plus apte à le faire. Vous faites partie de l'organisation, donc vous n'avez pas de problèmes de circulation, vous savez où chercher et avez les moyens techniques de l'obtenir. Alors pourquoi passer par moi ?"

Kaji : "Pour plusieurs raisons. Premièrement à cause de mon grade. Il est vrai que je peux me déplacer pratiquement selon mon bon vouloir dans les locaux de la NERV, mais je suis aussi beaucoup trop connu là-bas pour espérer passer inaperçu. Surtout si je m'attarde trop longtemps à une même place qui est hautement surveillée."

Inspecteur : "Comment moi pourrai-je passer inaperçu si cet endroit est tellement surveillé ?"

Kaji : "Parce qu'à ce moment là justement, le système de surveillance tombera en panne ; ce qui m'amène à ma deuxième raison. La nécessité d'être deux pour faire ce travail. Moi qui m'occupe du système de sécurité, vous qui aller chercher les informations pendant ce temps."

Inspecteur : (insistant) "Oui d'accord, mais pourquoi MOI ?"

Kaji : "D'une part parce que je ne peux faire confiance à aucune personne qui travaille à la NERV, et d'autre part parce que grâce à votre enquête, vous savez quoi rechercher, moi je n'en ai qu'une vague idée."

Inspecteur : (toujours souriant) " Vous oubliez la dernière raison."

Kaji : "Laquelle ?"

Inspecteur : "Si je me fais prendre, vous pourrez toujours nier être au courant de nos relations et rester en dehors de l'affaire. Après tout ce ne serait pas la première fois qu'un inspecteur disparaîtrait dans l'exercice de ses fonctions."

Kaji : "..."

*
*   *

Dans le compartiment, l'atmosphère est toujours aussi lourde et oppressante mais l'inspecteur sourit maintenant en repensant à cette histoire.

"Après tout je savais à quoi m'en tenir dés que j'ai accepté cette affaire."

Il n'a plus vraiment peur, il est maintenant rempli de cette confiance moitié sereine moitié résignée qui est l'apanage des gens qui font face à leur destin.

Doucement, inexorablement, le train continue à descendre vers l'inconnu.


Shinji l'air pensif regarde par la fenêtre les flocons tomber.
Il est l'heure de la pause pour tous les élèves du collège, et à l'extérieur les rafales de vent et de neige frappent les vitres des classes, les faisant à chaque fois résonner d'un bruit sourd et menaçant.

"Quel sale temps, hein Shinji. Cela ne fait qu'empirer depuis le début de la matinée."

Shinji : (toujours dans ses rêveries)"......"

Asuka : (détestant qu'on l'ignore) "HE BAKA, J'TE PARLE !!"

Shinji : (se couvrant les oreilles) " Ca va, ça va, je t'entends !"

Asuka : "Ha tout de même, à quoi pensais-tu donc ?"

Shinji : "Je songeais à Ayanami."

Asuka : (sur le point d'exploser) "QUOI ?"

Kensuke : (essayant de rattraper la gaffe) "Tiens, c'est vrai que cela va faire deux jours que nous ne l'avons pas vue, mais vous savez peut-être où elle est, vous, les pilotes."

Asuka : (regardant Shinji) "Bah... Nul besoin de sa présence quand la plus belle fille de la planète est ici, de toute façon elle serait là que cela ne se remarquerait même pas !!

Toji : (sarcastique) "Ouah ce n'est pas la modestie qui t'étouffe, tu ferais mieux de sortir de la classe tant que la grosseur de ta tête le permet encore."

Asuka : (acerbe) "C'est nécessaire pour contrebalancer le manque de cervelle de certains primates à forme humaine."

Toji : "C'est de moi que tu parles ?"

Asuka : "Oh, incroyable, il s'est reconnu !"

Shinji n'écoutait que d'une oreille distraite les conversations de ses camarades. D'une part parce qu'il avait appris à rester en dehors de la mêlée lors d'une "discussion" entre Asuka et Toji ; d'autres part parce qu'il était inquiet.
Toute cette neige qui n'arrêtait pas de tomber lui faisait trop penser à ce rêve, ou plutôt à ce cauchemar de la nuit dernière. Il pouvait encore sentir les mains de Rei autour des siennes et le froid intense qui l'avait envahi.

"C'était si réel."

Il aurait bien aimé discuter avec elle de ce rêve, après tout elle avait été de bon conseil avec Asuka et elle aurait sans doute eu une opinion intéressante sur le sujet.
Mais elle n'était pas là. Pourquoi ? Non décidément tout cela ne lui plaisait pas.

*
*   *

Voix : (lointaine) "Ikari Shinji."

Shinji : (se levant soudain de sa chaise) "OUI ?"

Asuka : "Tiens, tu réagis enfin ? C'est pas trop tôt ! Tu as décidé de faire de concurrence à Rei ou quoi ?"

Shinji : "C'est toi qui vient de m'appeler Asuka ?"

Asuka : "Pas vraiment, non. Tu te mets à entendre des voix maintenant ?"

Shinji : (regardant ses camarades, l'air dubitatif) "C'est que... Enfin, j'avais cru entendre quelqu'un m'appeler."

Asuka : (mi-moqueuse, mi-sérieuse) "Tu deviens paranoïaque maintenant ? Décidément cela ne s'arrange pas. Tu devrais arrêter de stresser autant ou tu vas finir par devenir vraiment cinglé. "

Shinji : (perplexe) "Oui, tu as peut-être raison."

Dehors la tempête avait redoublé de violence et le vent mugissait le long des murs du collège.
Entre les bourrasques de neige, un regard bleu acier brillait.


"ELLE A QUOI ?"

Dans le QG du Central Dogma, la journée avait commencé de façon tout à fait normale, chacun vaquait à ses occupations habituelles quand avait retenti la voix habituellement calme du commandant de la NERV.

Voix : (sortant du combiné téléphonique) "Le First Children a disparu ce matin de sa chambre d'hôpital."

Gendo : (essayant de retrouver son calme) "Mais comment cela a-t-il pu se produire ?

Voix : (gênée) "Euh... Nous l'ignorons. Tout ce que nous savons c'est que la vitre de la chambre où le First Children reposait à été brisée de l'intérieur comme si elle avait tenté de sortir par la fenêtre ; Quand nous sommes entrés la chambre était vide."

Gendo : "Chaque Children est sensé être sous la protection rapprochée d'agents de la Sécurité. Ou étaient-ils à ce moment précis ?

Voix : " Ils étaient bien présents devant la porte de la chambre et sont sans doute intervenus mais nous n'apprendrons rien d'eux avant un bon moment "

Gendo : " Pourquoi cela ?"

Voix : " Ils sont catatoniques. Les médecins que j'ai interrogés se perdent en conjonctures sur leur cas et parlent, faute d'une meilleure explication, d'une sorte de d'hypnose. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais les deux agents chargés de la surveillance ne sont pas en état de répondre à nos questions pour le moment."

Gendo : (autoritaire) " Je vois... Bien, ramenez les deux autres Children à la base, nous ne pouvons pas nous permettre qu'ils soient indisponibles lors d'une attaque. Je vous envoie une liste des sites où la First Children est susceptible de s'être rendue. Dès que vous l'avez localisée ramenez-la elle aussi au QG, de force si cela est nécessaire, mais attention je la veux intacte, équipez-vous du matériel nécessaire. "

Voix : "Hai."

Gendo Ikari repose alors le combiné téléphonique d'un geste vif puis regarde Fuyutsuki.

Fuyutsuki : " Et bien, apparemment certains éléments échappent à votre 'contrôle' Ikari. Croyez-vous qu'elle aurait finalement décidé de d'abandonner son humanité ?"

Gendo : " Non, nous serions tous au courant dans ce cas."

Fuyutsuki : "Que voulez-vous dire ?"

Croisant ses mains sur son bureau comme à son habitude, Gendo ne répond pas à cette dernière question, mais le silence pesant qui s'installe entre les deux hommes, met Fuyutsuki mal à l'aise.


"C'est la seule solution."
"La seule logique."

Comme un leitmotiv, Rei répétait sans cesse ces phrases tout en repensant aux raisons qui l'avaient incitées à prendre cette décision. Elle marchait sans but précis, autour d'elle le vent soufflait faisant virevolter les flocons de neige qui dansaient autour de son corps comme pour lui souhaiter la bienvenue.

Je ne peux pas tous les protéger, je ne suis même pas sûre de pouvoir LE protéger de moi-même.
Mieux vaut alors que je les laisse m'emporter, ainsi personne ne sera blessé... surtout pas lui.

"Ikari-kun..."

Pourquoi mes pensées se tournent-elles toujours vers lui ?
Cette chaleur humaine... Ce contact de ses mains sur les miennes... Je ne veux pas les perdre.

Mais si je ne fais rien alors...
Non, je ne le supporterai pas.

"C'est la seule solution."
"La seule logique."

Je ne pensais pas que cela serait si difficile, je pensais ne rien avoir. Mais c'est au moment où l'on s'apprête à tout perdre que l'on se rencontre de tout ce que l'on possédait.

Un flot de souvenir l'envahit alors comme pour lui rappeler tout ce qu'elle laissait derrière elle.
Rei en train de protéger Ikari au péril de sa vie lors de l'attaque du cinquième ange, Rei mangeant avec ses camarades de classe, Rei enfant se promenant avec le commandant Ikari dans les couloirs de la Nerv, Rei blessée dans les bras d'Ikari pendant l'attaque du troisième ange et une multitude d'autres encore. Tout cela allait lui manquer.

Oui, je n'étais pas seule et je ne le savais pas, pourquoi est-ce que je ne m'en rends compte seulement maintenant ? Est-ce la proximité de la mort qui apporte cette lucidité soudaine ? Pourquoi alors certaines personnes renonçaient-elles à la vie ? Ne voyaient-elles pas comme moi à présent que personne n'était réellement seul, que forcément leur absence allait peiner quelqu'un, une personne qu'elle laissait derrière eux et qui se souciait d'elle ?

"Ikari-kun... "

Sera-t-il triste de mon départ ? Ne je veux pas le rendre triste, mais que puis-je faire d'autre ?

"C'est la seule solution."
"La seule logique."

Déjà elle pouvait les sentir roder aux limites de sa conscience, comme des loups affamés autour d'une proie blessée. Ce n'était qu'une questions de temps avant qu'elles ne se manifestent.

Rei s'arrête alors examinant l'endroit où ses errances l'ont conduite.

Le cimetière ! L'endroit où tout a commencé sera également l'endroit où tout va se terminer, quel paradoxe !

Résignée, Rei s'approche lentement de la tombe où dix ans plus tôt elle avait fait la rencontre qui avait bouleversée son existence. D'une main ferme, elle retire la neige qui recouvre l'inscription puis s'accroupit le long de la pierre tombale l'enserrant de ses bras comme un être cher.

Elle ferme alors les yeux puis attend.
Elle ne sent pas le froid, sur son corps la neige qui continue de tomber ne fond pas et commence à la recouvrir, lui donnant l'impression de faire corps avec le monument.

"C'était la seule solution, la seule logique."

"Alors pourquoi ai-je tellement envie de pleurer ?"


Embarquée de force dans une voiture qui les conduisaient au Géofront, Asuka était de très très mauvaise humeur, et elle ne manquait pas de le faire savoir aux agents de sécurité.

Asuka : "Vous pourriez au moins nous dire pourquoi vous nous avez interpellés comme ça en plein cours ! J'ai eu l'air de quoi moi, devant les élève de la classe ! Il ne manquait plus que les menottes aux poignets pour parfaire le tableau.

Shinji : "Peut-être s'agit-il d'une alerte ?"

Asuka : "Baka, les sirènes auraient retenti dans ce cas. Non, je suis sûr qu'il s'agit encore une fois de passer la nouvelle série de test complètement dingues que vient d'inventer notre docteur Frankenstein. Mais elle va m'entendre, cette fois-ci.

Shinji : "(soupir)"

Asuka : (à l'adresse des deux agents) "Hé... Vous ne pourriez pas aller plus vite, on gèle dans cette voiture !"

Agents : "(mégasoupir)"

Dehors la neige tombe sans discontinuer. Le va-et-vient incessant des essuie-glace arrive tout juste à enlever suffisamment de neige pour permettre la conduite. On dirait que la neige s'acharne sur la voiture, comme si elle voulait s'en prendre à ses occupants.
Au loin dans les rafales mugissantes du vent, un murmure se fait entendre.

"Ikari Shinji."

Shinji : "Que... ?"

"ATTENTION"

Mais il est trop tard.

Surpris par la forme qui vient subitement d'apparaître devant leur yeux, les agents de la sécurité réagissent par un terrible coup de frein, et la voiture rendue incontrôlable par la neige accumulée sur la chaussée, vient s'encastrer dans le premier pylône venu.

Non loin de là, une silhouette aux cheveux bleus attend.


Dans les couloirs sombres de la Nerv, un homme d'une cinquantaine d'années déambule l'air apparemment perdu.

"HEP, VOUS LA BAS, NE BOUGEZ PLUS"

L'homme se fige un instant, tétanisé, le souffle court, de la sueur coule le long de son cou.
Si l'agent de sécurité qui se rapproche à présent pouvait voir son visage, il y lirait certainement la surprise et la peur, la peur d'être découvert.

Mais heureusement le temps que l'agent s'approche, ce dernier a le temps de reprendre un visage d'apparence normale.

Agent : "Qui êtes-vous ?

Inspecteur : (tendant ses papiers) "Ryo Tadaka, technicien informatique chargé du secteur 04A."

Agent : "Que faites-vous par ici, je ne vous ai jamais vu dans les parages ?"

Inspecteur : "Je viens d'être affecté ici, il y a un problème au niveau du système informatique de surveillance. Ces jeunes, ça croit tout savoir, mais dès qu'il y a un problème un peu plus sérieux c'est toujours aux vieux qu'on fait appel."

Agent : "Vos papiers ont l'air en règle, attendez un instant, j'appelle le central technique pour avoir confirmation de votre mission."

Inspecteur : (tendu) "Aucun problème. Au fait, je sais que ce n'est pas mes affaires, mais vous ne devriez pas vous balader avec votre pantalon ouvert aux quatre vents, ça fait négligé. "

Agent : (regardant le bas de son ventre) "Hein !? "

Une seconde plus tard un corps s'affaisse sans bruit dans le couloir sombre.

Inspecteur : (tirant le corps) "Ha ces jeunes, quels naïfs !"

Une minute plus tard le corps menotté et bâillonné est abandonné dans un placard de maintenance.

Le sort en est jeté, je ne peux plus faire marche arrière à présent. Dans un quart d'heure tout le système de sécurité du secteur devrait cesser de fonctionner, j'aurai alors dix minutes pour chercher les informations avant que le service technique ne viennent réparer et dix autres minutes avant qu'ils ne réussissent à le faire. Je devrais alors être loin à ce moment.

"Enfin si tout se déroule comme ce Ryoji Kaji l'a prévu, évidement." Dit-il d'un air dubitatif en regardant la porte d'accès menant au bureau du commandant de la NERV.


Le goût du sang dans la bouche, une douleur sourde au niveau de l'épaule droite, la sensation d'un corps chaud recouvrant le sien, telles sont les premières sensations que ressent Ikari Shinji en sortant de l'inconscience.

Shinji : "Mmm... Qu'est ce qui... Ha oui, l'accident."

Shinji ouvre les yeux et manque de s'étrangler de surprise.
Là, allongée à coté de lui, se tient Asuka qui l'agrippe au niveau de la taille. Du sang perle légèrement d'une de ses tempes.
Si le moment n'était pas aussi tragique, Shinji aurait sans doute apprécié la situation. Après tout ce n'était pas si souvent qu'il pouvait la sentir aussi proche de lui, et surtout pas dans cette position.

Etrange, jamais je n'aurai cru cela d'Asuka. Elle qui parait si forte et sure d'elle-même, je n'aurai jamais pensé qu'elle aurait pu un jour réagir ainsi.

Quoique à bien réfléchir ce ne soit pas la première fois qu'il surprenait cet autre aspect d'Asuka. Déjà la nuit juste avant l'attaque du septième ange, il avait pu apercevoir une autre facette de sa personnalité, une autre Asuka plus douce et plus sensible qui ne passait pas son temps à écraser son entourage.

Et comment avait-il réagi alors ? Il avait tenté de l'embrasser durant son sommeil.
Pourquoi ?
A cause de la personnalité profonde qu'il devinait à travers son masque de bravade revêche, ou à cause de son aspect physique ?

Les deux sans doute... Asuka était belle, c'était indéniable, et Rei également, pourtant...

"REI !!"

Cette pensée le sortit brutalement de sa torpeur. Il ne savait pas pourquoi mais l'étrange impression de danger imminent qu'il avait ressenti durant son rêve, était de nouveau là, plus présente que jamais.

Shinji : (secouant Asuka par les épaules) "Asuka, réveille-toi, il faut partir d'ici au plus vite... "

Pourvu qu'elle ne soit pas blessée. Pourvu qu'elle ne...

Asuka : "Mmm... Oui ? HAAA LACHE MOI, SALE PERVERS !"

"PAF"

Shinji se protège pour éviter une seconde baffe.

Et bien au moins maintenant, je suis sur qu'elle est réveillée et qu'elle va bien.

Asuka : "Qu'est-ce que tu étais en train de faire ? Tu voulais encore profiter de moi pendant mon sommeil, baka, ecchi !"

Shinji : "Mais pas du tout, et puis, je te signale que c'est toi qui t'es agrippé à moi pendant l'accident !"

Asuka : "Quoi ?"

Shinji : (satisfait de sa réplique) "Mais bon, il nous faut sortir d'ici et rejoindre le Géofront au plus vite."

Asuka : (surpris par le ton autoritaire qu'a pris la voix de Shinji) "Mais tu n'entends pas la tempête dehors ! Nous allons mourir de froid si nous sortons. Et puis nous n'allons pas les laisser ainsi."

Shinji : (regardant les corps inanimés des agents de la sécurité à l'avant de la voiture) "De toute façon, nous ne pouvons rien faire pour eux s'ils sont morts. S'ils sont encore vivants, ils ont besoin de soins urgents, ce qui est une raison supplémentaire pour sortir d'ici."

Asuka : (cherchant d'autres excuses) "Pourquoi ne pas attendre les secours ici ?"

Shinji : "Parce que même ici on est pas à l'abri du froid. Maintenant que le moteur de la voiture ne tourne plus, la température va rapidement chuter. Je ne sais pas trop ou on est, mais puisqu'on se dirigeait vers le QG on ne doit pas en être très loin, peut être sommes-nous d'ailleurs tout près. Si nous ne faisons rien, nous risquons également de mourir, alors autant tenter quelque chose."

Asuka : "Mais... "

Shinji : (essayant de rester le plus calme possible) "Ecoute, je ne peux pas te l'expliquer clairement, mais je te demande en toute amitié de me faire confiance. On DOIT partir d'ici."

Asuka reste muette de stupeur. Jamais elle n'a vu une telle expression dans le regard de Shinji.

Qu'est-ce que c'est ?
De l'inquiétude ? Non, c'est plus que l'inquiétude, c'est de la peur, de la peur à l'état primaire.

Elle ne savait pas de quoi Shinji avait peur, mais il avait le même aspect qu'une proie qui se savait observée par son prédateur.

Et pourtant, malgré cela il n'a pas fui, il ne m'a pas laissée seule. Il a tenu à me réveiller pour que nous puissions partir ensemble. Depuis combien de temps une autre personne ne s'est-elle pas ainsi souciée de moi ? Déjà dans le volcan...

"Comment ai-je pu être aveugle à ce point ?"

Shinji : "Tu disais ?"

Asuka : "Non, rien, tu as raison !"

Shinji et Asuka se regardent encore un instant avant de se préparer à sortir. Le temps semble s'être arrêté et aucun des deux ne semble vouloir faire le premier pas.
Dehors, la neige et le vent redoublent d'efforts comme s'il tentait de les retenir dans la voiture.

Shinji : "Bien, allons-y !"

Asuka : (tendant le bras en direction de la vitre derrière Shinji) "Shinji, regarde !"

A travers la vitre, un regard constitué de deux flammes bleues les fixent avec avidité.

Shinji : "Trop tard !"


Dans le cimetière, Rei était toujours immobile le long de la pierre tombale, attendant l'heure fatidique ou ses soeurs allaient se manifester pour l'emporter là-bas, dans le pays de l'éternel hiver.

Mais elle ne s'en souciait plus.
Elle avait déjà beaucoup pleuré et cela l'avait soulagée, ainsi que renforcée dans sa détermination.

De toute façon dans peu de temps cela n'aurait plus d'importance.
Déjà elle pouvait sentir sa personnalité peu à peu s'effacer devant la conscience collective qu'elle partageait avec ses soeurs de race.
Bientôt tous ses souvenirs, toutes ses sensations, toutes ces choses qui faisaient d'elle une individualité, seraient absorbées pour faire place à un grand vide, un vide morne et glacé ou plus rien ne pourrait la troubler.

Mais cela était sans doute mieux ainsi.

Une dernière fois cependant ses pensées se tournèrent vers Shinji.

*
*   *

"Yorna, NON, que fais-tu ?!!"



Pour toutes flammes, insultes, injures et autres critiques constructives, n'hésitez pas à nous écrire.

Vos serviteurs :Sinemurien et QCTX.